De l'insistance des oiseaux
Rougequeue ou Rossignol des murailles
L’an dernier, au retour de nos vacances de mai, un Rossignol des murailles, plus connu sous le nom de « Rougequeue » nous attendait. Perché sur un muret, il avait demandé à entrer dans le garage pour voir si sa compagne pourrait y faire leur nid et y couver ses œufs.
Je lui avais expliqué : leurs petits auraient crotté sur la voiture, on aurait dû se fâcher. Mieux valait, pour lui comme pour les siens, qu’il aille chercher ailleurs un asile plus tranquille… et que l’on reste bons amis.
Il avait insisté, j’avais résisté, l’avais chassé, jusqu’à ce que, le cœur gros, je lui ais fermé le garage au bec comme on claque une porte au nez d’un importun…
Le temps a passé, j’avais oublié l’incident, jusqu’à ce que, un matin des premiers jours de mai dernier, je revois cette petite boule, toute noire dessus, gris jaspé dessous, et rouge de l’arrière train jusqu’au bout de la queue, s’agiter sur le haut de mon muret.
- Ah non, tu ne vas pas recommencer… !
J’ai dû reconnaître que c’était un peu tard : de la mousse sortait d’un nid d’hirondelles accroché au plafond du garage, juste au-dessus de la voiture. C’était de ma faute, j’avais dû oublier de fermer toute une journée. Peut-être même que j’avais oublié plusieurs journées… Toujours est-il que le travail était commencé !
Quoi que, à bien regarder, il semblait bien ne pas être encore très avancé. Il devait encore avoir le temps d’en refaire un autre ailleurs !
Un peu honteux de ma traîtrise, je fis comme si je n’avais rien vu et m’en allé porte fermée.
Calme plat durant quelques jours. Pas de guet sur le muret, pas de cri de contact sifflant venu du faîte du toit (le Rougequeue n’est pas doué pour le chant comme le Rossignol) où je les avais souvent vus perchés, nos tourtereaux avaient dû se faire une raison…
A moins qu’ils n’aient que chercher, sans vraiment vouloir trouver… ?
Au matin du cinquième jour, le mâle est revenu me redemander l’hospitalité : je ne pouvais plus refuser. J’ai retiré une vitre d’un des hublots de la porte coulissante.
Au début, ils ont cherché, lui le dos noir et elle toute beige kaki, hormis le rouge de la queue qu’ils ont en commun, perchés sur le muret ou posés à même le sol, devant la porte fermée, à m’attendre. Sur le rebord de la gouttière, pour me voir venir de plus loin…
Et puis ils ont trouvé… !
Depuis, Madame couveuse me regarde sortir la voiture le matin et la rentrer le soir. Elle sait mes habitudes, ne s’effraie pas de ce que je lui emprunte ma tondeuse, que je passe prendre un outil, que je bricole dans les parages. Ils se sont habitués, lui qui vient la nourrir et elle qui sort pour ses besoins. Ils ne crottent pas à l’intérieur, la nuisance viendra de leurs enfants tant qu’ils ne voleront pas.