La pomme et la glotte
Les lèvres d'Eve
Tout petit déjà, il devait n'avoir que guère plus de six ans, Julien venait en vacances à Gassin avec ses grands parents.
Le courrier nous suivait. Un catalogue "Bakker" s'est ouvert sous les yeux du gamin. Plusieurs jours durant il l'a feuilleté. ..
Fasciné par les images de fruits choisis parmi les plus tentateurs, pris sous le meilleur angle et montrés dans la meilleure lumière... plus qu'interessé, il a demandé s'il pouvait en "marquer" qu'il aimerait que je plante dans notre verger de Piney...
C'est comme ça que ces "un peu trop vertes à mon goût", qui n'en sont pas moins fruitées, juteuses, et ne farinent que tardivement sont arrivées chez nous.
Celles-ci sont d'un rouge un peu acide. On les dirait teintées à la fushine...
Toute petites, leur chair est si dure sous la dent qu'il me faut un couteau et du temps pour en venir à bout.
Cuites, par contre, elles font de très jolies compotes. Restent en quartiers (ou même entières, quand elles sont évidées). Quand d'autres s'étalent sitôt cuites en marmelades inconsistantes...
J'ajoute un peu de jus de mon raisin de Bacho à la cuisson, il les teinte couleur "betteraves rouges". Ca surprend, ça acidule. Et ça ajoute au goût !
Faut juste laisser le sucre en poudre couler un peu plus longtemps...
Et voici les meilleures de la plantation "Julien", qui sont aussi les plus belles !
Leurs noms ? Aucune idée : chaque pépinieriste produit ses exclusités et en une quinzaine d'années, le catalogue Bakker s'est égaré... On les appelle les grosses rouges.
Pourquoi faire référence à la pomme coincée et au rire de Satan-serpent ?
C'est que le gamin fasciné par la qualité des images trompeuses n'a jamais eu envie de goûter les fruits récoltés sur les arbres plantés dans mon pré, mûris sur mon gazon. A dix-huit ans aujourd'hu, il n'apprécie toujours pas les fruits frais. Préfére finir ses repas par un yaourt : je n'ai pas trouvé de yaoutier à planter.
C'est bon aussi les yaourts. Il en reste des "pas trop sophistiqués", des pas trop battus, avec pas trop de choses ajoutées, pas trop de retirées. Pour les vrais "natures" que faisait ma grand-mère, faut quand même pas rêver.
Mais ça reste simple comparé aux desserts choisis par trop d'ados au regard des images-leurres qu'on imprime sur les boîtes... (sur le "facing" des "packagings" )
Si peu mordent aujourd'hui à belles dents dans une pomme...
Satan-serpent s'est fait tirer le portrait pour qu'ils continuent à sucomber à la tentation...