Les saules ont tant pleuré...
...qu'un grand lac en est né
Il était une fois, en Paris d'autre temps,
Une Seine versatile.
Tantôt en moindres eaux et tantôt au plus haut.
Qui n'a vu ses berges noyées ?
Et le zouave
Affolé d'avoir les pieds mouillés
Regarder la rive gauche
Comme s'il cherchait les Vosges
Ou sa guerre de Crimée.
On a mis le pont là,
Appelé de l'Alma,
Pour une victoire d'Empire :
Cinq mille sept cents morts
Qui donc a dit victoire...
Le 11 septembre en pire !
Ce voyant,
Les Parisiens malins
Lorgnèrent sur notre terre.
Sur une forêt de chênes appelées "de l'Orient".
Nous promirent tant et tant
Que mon département, ma région,
Et jusqu'à mon canton
Mirent la main à la poche
Pour les sauver des eaux.
Il était une fois,
Je n'avais que trente ans,
Des machines jaunes énormes
Nous ont remué la terre
Tandis qu'en même temps
D'autres machines jaunes
Nous crachaient le ciment
Deux cent trente hectares de forêt,
Un peu de terre arable,
Une industrie et quelques bâtiments
Sont aujoud'hui sous l'eau.
Les arbres en sont toujours en peine.
Les saules ont tant pleuré
Que leurs larmes ont empli le bassin.
Un couple de chênes trapus
En tête d'un cortège
Reste en épousailles,
Se regarde effaré
Tremblotter dans son eau.
Le lac réservoir Seine, plus communément appelé "Lac de la Forêt d'Orient", mis en eau en 1966, participe au dispositif de retenue des eaux de la Seine avec le lac d'Amance également dans l'Aube, et celui du Der, en Haute-Marne
Il se situe en triangle des villages de Mesnil-Saint-Père, Lusigny et Piney, mon village...