Derniers retranchements
Le coup de pied de l’âne
Du danger de rapetisser le plus petit
des grands
De ma première année de grande école primaire,
Je garde le souvenir d’un coup de pied donné à la maîtresse.
Enfant chétif et timide,
J’avais besoin d’un peu de gant pour que l’on me chatouille.
J’étais le plus petit de la rangée des tout nouveaux,
Elle avait pris la classe à témoin d’une bêtise que je venais de faire.
Ridiculisé devant trois années d’aînés,
Alors que je n’étais déjà pas fier de m’être aussi bêtement trompé,
Quand elle m’a tiré par un bras pour me sortir du siège
A vouloir m’exposer aux railleries des autres,
Je me suis débattu…
Sans intention de la frapper.
En 41, je n’avais que six ans.
C’était encore pendant la guerre.
Mes semelles de godillots étaient de bois
Renforcées de ferrures
De pointes et de talons
Et cloutées en dessous pour éviter l’usure:
Elle n’a pas esquivé...
J’en reste sans séquelles,
Et elle, s’en est remise.
Sans rancœur ni rancune
D'aucune part.
J'en ai seulement déduit
Ce jour-là
Qu’un petit qu’on accule
Peut faire n’importe quoi
Pour retrouver
L’honneur.