Le cahier de ma Mère
Il était une fois :
la famille !
Ma mère nous a laissé un cahier d'une trentaine de pages, écrites en 1986, dans sa 90ème année. Elle y raconte son enfance de fille d'artisan rural. Nous parle de ses jeux, du travail de ses parents, de son frère tué d'un éclat d'obus à la ferme de la Royère, d'un autre, revenu vivant mais gazé...
"Tous ces jeunes et moins jeunes qui moururent ainsi, moi je dis qu'ils furents assassinés...! On disait ce sont des héros, ce n'était que des martyrs !"
Elle parlait, bien sûr, de la guerre de 14/18.
Plus loin, pour conclure son propos, elle laissait un message, qui pourrait presque, aujourd'hui, quelque part, s'adresser à ces gamins qui s'occupent à casser dans la rue :
"Pour ma part, je vous dirai que je garde un très bon souvenir de mes parents, et que je les tiens en grande estime. Ils ont élevé six enfants, sans rien demander à personne. Ils disaient " il faut être fier de sa pauvreté..."
Où est-il ce temps-là ? On travaillait dur, mais rien ne nous rebutait. Nous ne trouvions jamais à nous plaindre.
Aussi, avant de terminer, je dis à tous mes enfants : soyez fiers de vos grands-parents, c'étaient de braves gens !
J'ai tout mélangé, vous ne lirez peut-être pas tout mon gribouillage, mais j'ai aimé ma jeunesse, où la pauvreté n'était pas un malheur, où nous étions heureux, en famille, tout simplement !"
Les temps sont différents et l'oisiveté n'a jamais été bonne conseillère. Mais il reste des métiers qui manquent d'ouvriers. Pas des métiers à gagner sans rien avoir à faire, mais des métiers honnêtes... Qui vous rendent fatigués le soir en rentrant à la maison. D'une saine fatigue. Qui ne vous incite pas à ressortir pour jouer les justiciers masqués.