blog d'autrefois
Le banc de bois des soirs d'été
Chacun dans nos villages,
Les soirs d'été
Prenait le frais dehors
Sur un banc de bois de voisinage.
C'était nos blogs, autrefois.
On s'y installait par affinité.
On y allait, on y venait,
Sur le sien ou sur un autre.
Le nôtre, de banc de bois,
Celui de notre maison rue Basse,
Trônait dans la cour
Bien en vue de la rue.
La mère M... venait y geindre,
Se plaindre de ses douleurs
Y dire du mal de ses voisins.
De l'autre côté de notre rue
En face donc,
Celui de Nini regardait son jardin.
Elle y racontait sa vie :
La grange, la bergerie,
Le jour de l'incendie...
Jeannette pleurnichait ses malheurs.
Mathilde y pérorait un peu,
Redescendait sur terre
Sitôt que Georges la raillait
Rue de la Halle,
Deux autres bancs de bois
Se faisaient face.
Celui de notre atelier d'artisans
Et celui du magasin de mercerie
De la femme de notre maire.
Ma mère laissait mon père politiquer.
Osant, de temps à autre,
Une remarque, ironique ou censée
(souvent les deux à la fois).
Un vieil homme de leur âge
(de mon âge aujourd'hui (?))
Remontait la rue en boitant.
Une jambe à l'aise et l'autre bloquée
Pliée à l'équerre au niveau du genou.
Il rentrait de travailler,
La musette en bandoulière
Les litres vides qui tintaient dans son dos.
Un autre encore à la voix de stentor
Que ma mère n'aimait pas.
Qui parlait bien trop fort.
Qui affirmait
Qui envoyait des postillons
Interrompait les conversations...
Et d'autres qui s'arrêtaient,
Ou ne faisaient que passer,
Mais qui disaient bonjour !
De la main, de la tête, de la voix...
Que l'on saluait en retour.
Nos blogs d'autrefois
Etaient de voisinage.