Affres d'affreux
Le monstre de mon jardin
Le pauvre n’avait pas d’yeux, c’est moi qui lui ai fait.
Pas droits, je sais, je ne suis pas adroit.
J’ai voulu qu’il se voit comme ça,
Tel qu’il est,
Sans retouche,
Sauf les yeux…
Pour qu’il se voit mieux.
A-t-il souffert d’un mal ?
Sa maman n’a-t-elle pas accouchée
Sous Y ou Z ou une mauvaise étoile ?
L’aurait-t-elle mal porté ?
Ou bien, laissé tomber ?
Ou encore une sorcière
Ou une fée malade
Lui aurait-t-elle jeté
Un sort mauvais ?
Je ne sais !
J’ai voulu qu’il se voit
Son teint vernissé foncé,
Ses rides et ridules ridicules
Marquées à contre sens,
Qui font croire à une tête
Qui aurait été cassée
Et qu’on aurait recollée
Avec sa langue épaisse qui passe
Ses chicots d’ivoire noirs
D’adepte de Nicot…
Quand je passe dans mon jardin,
J’en vois qui se prélassent
A l’ombre du cyprès
Toujours des têtes,
Toujours sans corps
Et sans les yeux
Que j’ai fait verts
Pour qu’il espère.
Riche et beau
Et jeune de surcroît,
On a beaucoup à perdre.
Le monstre de mon jardin,
A présent qu’il se voit,
S’accepte et ne craint plus
Ses yeux greffés
Lui permettent de voir
Qu’il n’a rien,
De son physique,
Qu’il pourrait un jour
Avoir à regretter
De ne plus avoir… !
PS : qui saurait reconnaitre l'objet photographié, non retouché, sauf l'ajout des yeux...?