A tout bientôt Noël 2/7
Vivre plus âgés qu’autrefois nous offre de laisser des souvenirs plus anciens.
Sans regret du temps passé, ni procès de celui d’à présent.
L’atelier du Père Noël en 1919
Le poêle exhale ses odeurs de « tolémail » fumant, de poussière de bois et de tissus qui se consument en brunissant.
La boutique du Jouet Champenois sent aussi la fibre de bois d'épicéa fraîche, la cotonnade et le vernis cellulosique qui sert à tigrer le dos des chats et tacheter les oreilles des chiens.
Assises sur des chaises aux pieds raccourcis, les rembourreuses placent des mèches de frison qu’elle enfilent dans les enveloppes de tissu qui se transforment en corps, têtes et membres d’animaux.
Les cheveux cachés par un foulard pour les protéger de la poussière, elles appuient l’outil, sorte de grand tournevis à large base, sur leur ventre protégé d’un cuir fixé par une ceinture.
De part en part d’une table sous laquelle on a glissé la balle de fibre, elles sont six qui tirent le frison et l’enfilent dans les peaux.
La plus jeune n’a pas quatorze ans, l’aînée n’est pas encore mariée.
Les rembourreuses occupent le poste le plus important de l’atelier, en nombre, en dureté de la tâche, mais aussi en qualité du travail.
Modeleuses, elles sculptent, par l’intérieur de l’enveloppe, la forme définitive. Long nez, front fuyant ou face renfrognée, l’ours de 1919 est unique
Chaque rembourreuse reconnaît les siens et veut les trouver plus beaux que les autres.
Embryon sans membres, sans yeux, sans oreilles, chaque tête, chaque corps et jusqu’aux jambes, torses ou galbées, chaque pièce est une création de l’ouvrière.
Carte commerciale, année 1925
à suivre...