Dernier coup de pinceau
Matin d’hiver
Contre le mur de ma maison,
Le vieux tilleul sans plus de feuille
Etire paresseusement ses branches.
Sur le dessus de mon village
Les toits de tuiles d’argile
Font un couvercle rouge humide,
Qui brille.
Le clocher noir d’ardoises de notre église
A fait son trou dans le ciel bas,
Comme un dessin de fusain
Estompé de brouillard.
C’est l’hiver !
Pas celui de neige ou de verglas,
Mais l’hiver des frimas
Des brumes qui montent de la terre,
Se nourrissent de lumière.
Le vent n’est pas levé, la brume se prélasse.
C’est dimanche.
Une dame revient de chez le boulanger
A pied,
Sa baguette à la main.
Et deux ou trois croissants
Dans un sac en papier :
On est dimanche matin.
Quelques voitures glissent
Mais que l’on n’entend guère,
Les bruits sont étouffés
Deux jeunes filles à vélo
Se sont arrêtées,
Pour bavarder.
On sait le soleil là
Qui vient de se lever,
Se diffuse au travers du brouillard,
Qui leur fait un halo.
Ne serait-ce le froid,
On dirait qu’elles attendent un Prince
Ou bien qu'elles tiennent la pose
Pour David Hamilton .
Un matin de dimanche,
Engourdi par l’hiver.
Je suis à rêvasser...