Les yeux des chiens ont toujours soif
Merci à Micheline de m'avoir fait découvrir Georges Bonnet
C'est vrai que je ne lis plus guère aujourd'hui. Me faut de l'écrit gros, de pas trop de mots par page, de guère de message derrière les mots.
J'aime bien que l'on me dise comment le temps passe. Qu'on me raconte ses petits bonheurs. Aussi ses petites misères, mais moins. Et pas les grandes : on en a tous à assumer les siennes et celles des autres ne sont pas consoleuses. Un mot que mon Petit Larousse ne connait pas, qui s'impose pour moi ici. Je le trouve plus "actif" que oconsolante" ou "consolatrice"
Georges Bonnet est en retraite de l'enseignement. Son premier roman "Un si bel été", est paru chez Flamarion en 2000, l'auteur avait alors 81 ans...: Je me dis que rien n'est perdu pour moi.
L'écriture est délicate, l'observation précise et si bien rapportée que c'est nous qui voyons à sa place : la petite fleur jaune entre les pavés, le vélo appuyé au mur, qui risque de tomber. Nous qui vivons le quotidien des personnages.
Les phrases sont courtes, les mots simples, comme le sont les notes sur une portée musicale qui serait le fil conducteur de l'histoire.
"Au mois d'avril suivant, il m'a semblé reconnaître cette femme, assise au parc municipal, sur l'un des bancs à claire-voie qui entoure le jet d'eau"
Déjà, on y est vraiment. Ce que l'auteur ne dit pas le lecteur l'imagine. Sans même le besoin de prononcer les mots, il sait l'herbe qui verdit, les points blancs des paquerettes, les moineaux qui criaillent, le pigeon au pied du jet d'eau, qui boit à l'eau du bassin. Les enfants qui jouent, une poussette qui traverse le paysage sans le voir...
Pas tout ces remuements en même temps, qui animent les lieux à leur tour, plusieurs ensembles ou chacun séparement.
On est au "mois d'avril suivant..." c'est donc qu'il a vu la dame bien avant, et qu'ils paraissent l'un et l'autre habituels des ce jardin pas bien grand. Il le dit "communal", fréquenté par les mamans, les amoureux et lers personnes âgées.
On les imagine bien dans la troisième catégorie. On apprendra que ce sont des soixantenaires...
Le langage est personnel, poëtique : "Le temps bouge à peine","ils ont des soirées de papillons"
Voilà pour l'écriture.
Quant à l'histoire, je vous la laisse découvrir.
J'ai beaucoup aimé...!