Ruelle écolo...
La ruelle du temps d'avant
Les passages pour aller d'une rue l'autre
Dans mon village
N'ont rien à voir avec ceux que je vous ai montrés de Provence.
Celui-ci vient d'un jardin et mène à l'autre.
"Venait et menait" seraient mieux conjugués :
On emploie l'imparfait pour un chemin désuet.
On y poussait brouettes,
Apportant sa fumure, ramenant sa culture.
De chaque côté du sillon creusé par la roue,
Les pas de jardiniers maintenaient à l'herbe sauvage
Un aspect de gazon.
Aujourd'hui, deux ou trois fois par an,
Le pulvérisateur sur le dos,
L'employé municipal empoisonne la nature,
Avec un produit pas si neutre
Que les semelles de sabots
*
Le Louis ne fait plus de jardin
Tous les jeudis, il sort avec Germaine :
C'est leur après-midi...!
Ils vont ensemble en ville
Faire leurs courses en hyper
Et en voiture automobile, qui n'brûle qu'un peu d'essence.
Ils la laissent au parking bétonné sous sa couche de goudron :
"Faut vivre avec son temps"
Qu'ils se disent pour se faire croire qu'on peu rester jeunes tout le temps.
Les salades sont toutes prêtes,
Les tomates calibrées,
Les pommes sans asticots
...et ils n'achètent que ce qu'il faut :
Des plats tout préparés
En portions individuelles,
Dans des barquettes plastique suremballées carton,
Qui dit en gros les qualités ajoutées
Et en petit les ajouts dont il faut se méfier.
Sûr que le Rundop et l'essence,
Le plastique et le béton
Et l'carton imprimé
Feront jamais du bon fumier
Mais il s'inquiète pas le Louis :
"Aujourd'hui, qu'il dit à la Germaine, le fumier,
"Ils" le font chimiquement !
C'est quand même plus propre qu'avec les excréments"
De chez eux, il ne sort que des poubelles !
Pour sa pelouse qui a remplacé le jardin,
Un peu d'engrais suffit
Un peu pour hiverner et un peu au printemps.
En été, juste un peu d'eau
Un peu le matin
Et aussi un peu le soir
Mais juste un peu...
Guère plus que ce que le jardin lui en buvait !
*
Merci Monsieur Monsanto et autres all-chimistes
Continuez de nous inoculer cette seconde nature.
Elle nous libère des corvées de musculation et d'aération des poumons
Qu'on se faisait au jardin
Et nous donne à manger sans avoir à se baisser...
Reste qu'il faut quand même pousser le caddy !
NDLR : loin de moi l'idée de faire le proçès de Kikcesoi (que je ne connais dailleurs même pas)...
La photo de cette ruelle m'a rappelé un vieux jardinier que j'ai connu quand j'étais jeune. Il avait une courroie fixée aux bras de sa brouette, qu'il se passait autour du cou pour partager la charge. Tous les jours il trouvait à faire au jardin. Pour travailler sa terre, ou peut-être seulement par besoin de solitude.
Je l'ai imaginé qui serait revenu faire un tour aujourd'hui, qu'il aurait préféré être près de sa compagne plutôt que de se complaire solitaire...
Je connais encore bien des gens qui jardinent au village.
Mon "historiette" n'a de but que d'illustrer l'image