Face au mystère des filles
Chastes amours
Elle s'appelait Guéricolas
"Fais dodo, guéris Colas..."
Guéricolas !
Gaie, rit... et puis Colas
Un nom tout drôle pour une petite fille toute rose
Un nom que l'on retient.
Derrière les planches de la vieille salle des fêtes
Les enfants des écoles préparaient leur spectacle.
J'y jouais : "Bob reçois..."
Elle dansait un ballet, de roses qui s'éveillent.
J'ai toujours l'air en moi et le nom qu'on retient :
Guéricolas...
Claude, je crois,
Comme une reine;
Claude... ? Peut-être ! Ou pas...
Mais Guéricolas.
A la générale,
On était dans la salle,
A se pousser du coude entre garçons
Qui regardaient danser Guéricolas.
Plus petite que les autres mais on ne voyait qu'elle
Qui souriait en chantant
Qui lançait des baisers au delà de la rampe
Comme le vent jette au loin des pétales de roses.
Chacun voulait les prendre pour soi.
Le soir du grand jour,
A l'étroit en coulisses,
J'ai frôlé Guéricolas
Sans rien osé lui dire
Sans lui sourire,
Ni même seulement oser la regarder.
J'avais douze ans peut-être,
Treize tout au plus
Et beaucoup de timidité face au mystère des filles.
Après la fête, vint le temps des vacances.
Il m'a fallu des jours,
Des jours et des semaines,
Pour oser lui écrire.
Et beaucoup de temps encore
Pour jeter la page pliée de mon cahier d'écolier
Dans une boîte à courrier.
Près de soixante ans ont passé,
Je n'ai toujours pas de réponse.
Rien qui m'inquiète cependant :
Je n'avais pas signé...
Première parution le 7 juin 2005. Aucun commentaire