Narcisses jaunes
Les jonquilles partent en guerre... ?
Comme un maréchal d'Empire, pour surveiller l'ennemi, serait arc-bouté debout, les jambes calées dans les étriers de son destrier, la plus grande de ma troupe de jonquilles a redressé sa tige pour se hisser et mieux voir au dessus de ses soeurs.
On dirait une troupe partant en guerre, sans un regard derrière...
N'ont elles pas fière allure ces jonquilles jaunes venues des narcisses blancs ? Qui ne se prennent pas pour le nombril du monde ?
Pas toutes cependant, on peut le regretter : par respect pour les moins attrayantes, mon petit numérique n'a pas voulu montrer celles plus en rives, qui baissent la tête et en paraissent toute honteuses. Et surtout pas les plus anciennes, qui courbent tant le dos qu'elles ne peuvent que regarder leur terre nourricière.
Remarquez que la nature est bien faite, qui ne les a pas fait naître trop au bord d'un plan d'eau. A s'y mirer, elles auraient pu s'attrister de se voir se fâner.
"Elle", l'Elégante, la Superbe, la Maréchale d'Empire, l'aussi grande qu'une jeune fille d'aujourd'hui, veille sur son monde... comme au milieu de mon verger le Chien à tête de bois continue de veiller sur les six branches restantes de mon prunus blessé...
Peut-être iront ils, tous ensemble, écouter les oiseaux dans les prés... contre qui partiraient-ils en guerre ? Ils sont si bien autour de notre maison...