Exode5

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 Toute la journée, on s'est traînés derrière les voitures qui étaient devant nous tout en restant devant celles qui ne nous doublaient pas. Il y avait des C4 et des plus petites et aussi des camionnettes bâchées. Des vieilles voitures et des belles. Toutes à la queue leue leue (je l'écris comme ça ! ) Au plus haut du soleil dans le ciel, des avions ont grondé plus fort que le bruit des moteurs de voitures. Alors le convoi s'est arrété. C'étaient des avions américains, des gros, des bombardiers parassait-il. Des alliés... Mais d'aussi haut, les parents ont dit qu'ils pouvaient croire que l'on était un convoi allemand. Alors quand ils ont piqué sur nous, une fois, puis une autre, on a pas attendu la troisième. Tout les voyageurs d'exode ont sauté des voitures pour se jeter à plat ventre dans les fossés.

Comme si nous, les gosses, on allait pas assez vite, notre père nous à pris tous les deux sous chacun de ses bras et nous a laché dans l'herbe du talus. Enfin, dans l'herbe, c'est ce qu'il avait cru. On avait atterri direct dans une touffe d'orties ! Si bien qu'on n'a pas entendu tout le bruit du bombardement tellement on avait pleuré fort.

Parcequ'ils avaient bien bombardé, les avions amis. Mais par sur nous. Sur un autre convoi. Allemand celui-là. Qu'on ne se doutait pas qu'il était si près. Sur une route parallèle, en contrebas de la nôtre. On ne le voyait pas, mais des exodants bien informés qui le savait nous l'avaient dit. Il descendait vers le sud, comme nous, mais plus vite, puisqu'il nous avait rattrapé !

Ca avait duré près d'une demi-heure à chercher à échaper aux orties. Même si on savait qu'ils ne tuaient que les Allemands, les avions américains, les convoyeurs disaient de rester prudents. Des fois que si on bougeait un amis moins voyant que les autres nous prenne pour des ennemis déguisés.

Avant de réebranler le convoi, tout le monde avait ressorti le pain dur et les conserves et les parents avaient supputé avec ceux de la voiture qui nous suivait depuis loin. On avait laissé passé deux voitures à deux roues grandes en bois cerclées de fer et tirées par des chevaux.

à suivre

 Soit dit ici, je n'invente rien et n'écris pas d'histoires. Je dis seulement ce dont je  me souviens d'avoir vécu à cinq ans et quatre mois. Je m'en souviens comme ça...

Publié dans Témoignage

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M
hello je suis Mimi, une amie du Web de AJC (fanny quoi)
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