Exode2
Dans la C4, les parents avaient chargé tout ce qu'ils pensaient que l'on aurait le plus besoin. Du linge, des couvertures, des vêtements, à manger et à boire... et on est partie. Il faisait beau. Et déjà chaud.
Avec la C4, on était jamais encore allés bien loin. Dans la famille, chez des oncles mariés à des tantes, qui avaient des enfants cousins et des filles cousines. Ils habitaient tous dans des fermes, à pas plus de dix-douze kilomètres de chez nous. Avec des animaux, dans des étables, dans des écuries, des porcheries. Et des poules qui éclataient de leur poulailler à grands battements d'ailes quand on leur ouvrait la porte le matin. Ils étaient tous "cultivateurs". Quand on allait leur dire bonjour ou qu'ils venaient nous voir, ma mère les remerciait de leurs petits cadeaux. Une douzaine d'oeufs, un morceau de lard, un peu de haricots, ça lui faisait plaisir.
Avec la C4, peut-être qu'on était allés à Troyes, la grande ville voisine, mais je ne m'en souviens pas. Je n'avais jamais que l'expérience et la connaissance d'une vie de cinq ans et quatre mois ce jour là que l'on est partis pour l'exode. Mais je revois bien mes cousines des fermes ! Surtout d'une ferme et d'une cousine de mon âge. On l'appelait Dodotte (et moi Dédé...) et on était blonds tous les deux. Mais je ne sais pas si on était déjà allés aussi loin que Troyes qui est à vingt kilomètres de notre village.
à suivre...