Marche arrière : le syllabique regagne sur le global...
Petit conte de Noël
Noël, ici, est dans le ton. Un Noël de coin de l'âtre, conté sans prétention. Il faut savoir rêver... C'est autant nécessaire aux petits que chez les plus âgés.
Ainsi donc, "il était une fois...:
La petite route goudronnée...
Elle ne menait à rien, la petite route blanche qui descendait du village pour se perdre dans les bois.
A rien !
Ou presque... : au passage à niveau de la garde-barrière, aux pâturages des troupeaux, au passage des bûcherons à vélo, bringueballant leur cognée qui cliquetaient contre le cadre, la serpe sur le dos, coincée sous la musette...
Autant dire à rien, rien de défini, rien de vraiment construit.
En ce temps là, on l'appelait "rue aux vaches" la petite route blanche qui ne menait à rien.
C'était un ancien temps, un temps de quand l'instituteur était aussi le secrétaire du Maire .
Le tandem communal formait, avec Monsieur le Curé, la trilogie comptable des corps et des âmes du millier d'habitants.
Monsieur le Maire avait pour lui ses électeurs, Monsieur le Curé ses ouailles, tandis que Monsieur l'Instituteur faisait l'unanimité.
Pour dire que son jugement était tout autant respecté dans le village que celui de Saint-Louis sous son chêne.
A la Libération, menant alors à notre tout nouveau terrain de foot, on lui a donné un vrai nom à notre route poussièreuse : rue du Stade ! Un peu excessif, peut-être, mais un nom qui sonne bien...
Une petite usine est sortie de terre, une maison, puis deux, trois, et tout un lotissement. C'est là qu'on l'a goudronnée, notre petite route guère plus large qu'un chemin... et qu'on lui à demandé de desservir, tant qu'elle y était, une maison pour gens âgés, un Cossec pour la jeunesse, un cours de tennis, un terrain de boules... et un grand Collège pour tout le canton.
Très grand ! Si grand que nos vieilles écoles ont paru dérisoires comparées à tous ces bâtiments clinquants.
Eh oui, nos villages qui s'étiolent grandissent pourtant aussi.
Certes, ils ont moins d'habitants, mais plus de maisons neuves. Quatre médecins ont remplacé le vieux Docteur qui faisait ses 24 heures. Aujourd'hui, c'est le patient qui fait le 15.
On a perdu une boucherie, une boulangerie, une épicerie et d'autres choses en "rie " mais on a gagné une banque... Perdu pour la bouche, gagné pour le change.
Mais revenons-en à notre rue du Stade, qui fait angle avec notre maison.
Le matin, quand je prends mon petit déjeûner, devant ma cheminée, je vois passer les autocars de ramassage d'enfants, qu'ils déposent devant le Collège. De tout le canton qu'il reviennent d'en chercher des enfants écoliers qui jouent les collégiens.
Les professeurs se les partagent, selon la matière. Chaque prof a plus d'enfants à connaître et chaque enfant plus de prof que d'instit d'autrefois. Les liens sont plus nombreux, chacun moins fortement serré, c'est une loi mécanique.
La nature de l'enfant n'est pas de soummission. Certains parents d'élêves qui se déchargent sur l'enseignant de leurs propre démissions n'arrangeant pas les choses, l'autorité du maître ne va plus toujours de soi...
Le regroupement est rationnel, il permet des moyens.Dommage qu'il disperse les liens...
A qu'il était heureux mon instit d'autrefois, avec son bon sourire et ses gestes généreux. Ses saluts dans la rue à tous les villageois, le chapeau qu'on soulevait sur son passage en signe de respect...
Pas stressé, reconnu, écouté : payé de retour du travail qu'il faisait.
Point trop pourtant ne faut rêver, nos avancés de progrès n'ont pas de marche arrière.
Ah si, pourtant, j'oubliais : le syllabique regagne du terrain !Comme quoi espoir toujours il faut savoir garder